In my secret life

Il est – disons – dix neuf heures, dix neuf heures trente. Je pose mon sac de cours à même le sol ; mes épaules me remercient. Je fais de même avec mon duffel-coat rouge ; ma nuque respire.

A travers les fenêtres, une lumière glacée et dorée s’immisce, et tandis que j’en franchis les rayons diffus, je ne m’empêche pas de regarder vers l’extérieur, là où le ciel explose en rose, en bleu et en or, tournant finalement au zinzolin.

Malgré l’hiver il ne fait pas si froid…

Une image de moi se reflète dans l’écran éteint de la télévision. L’air est teinté de calme. Une voiture passe dans la rue.

Plus tard, il fait chaud car les radiateurs ont été allumés, de l’eau bout dans une casserole qui sent la soupe, la présentatrice du journal télévisé porte un tailleur qui soutient mon regard. Le chien se lève puis tourne en rond avant de se recoucher en grognant, ma mère dit quelque chose comme « demain il faudra que nous allions là, et puis j’ai réfléchis et je pense honnêtement que… », mais je ne sais pas de quoi elle parle avec mon beau-père qui parcourt des yeux le programme télé.

Je suis assise sur un accoudoir du canapé bien que celui-ci soit vide. Je me gratte quelque part derrière le genou, puis je repasse une mèche de cheveux derrière mon oreille, je regarde ensuite quelque chose derrière le mur.

Je réfléchis à ce que je vais porter tout à l’heure…

A présent, derrière les fenêtres, clapote une mer noire comme de l’obsidienne liquide ; en son cœur, comme le cratère d’un volcan d’éther, la lune découpe un cercle blanc et lumineux.

Je dis soudain que je dois y aller, que je suis déjà en retard, et ensuite, alors que j’effleure la poignée de la porte, je remarque à cet instant seulement que Leonard Cohen ne veut pas me laisser partir…

Comments

[Clea]

Mon premier commentaire ! Je fais un voeux..

[imaginair']

Joli blog, ! J'aime cette façon d'écrire qui confine parfois au moindre détail.
Et puis j'adore Léonard Cohen.
je reviendrai.