La phrase
La phrase dans ma tête commençait ainsi : « je disparaissais… ». Je ne sais pas où se réalisait cette disparition, ni de quelle façon, ni qui y assistait, ni d’ailleurs s’il y avait un public. Je ne savais pas non plus quand cela se passait, s’il y avait un décor et en ce cas s’il était composé de choses que j’avais déjà connues ou bien qui n’étaient que le fruit de mon imagination. J’ignorais également s’il y avait une quelconque suite ou même fin à cette phrase ; j’ignorais entièrement la teneur de ses points de suspension et c’était, je crois, la raison pour laquelle elle m’obsédait.
Je m’étais réveillée hagarde, sortant d’un songe éprouvant et dur, et tu m’avais demandé ce qui se passait, si ça allait, car dans mes mouvements, je t’avais également sorti de ton sommeil. Mais le rêve dont j’avais subi l’éviction s’était étouffé; je le voyais encore s’effacer dans des limbes dont le matériau était la nuit, le froid et l’éther. Je n’avais gardé en mémoire que cette phrase, et c’est ce que je t’ai dit, lorsque tu m’as prise dans tes bras : j’ai voulu raconter, mais je n’ai pas pu.