Armistice

J’ai tourné deux fois la clef dans la serrure ; et les y laissées, pour que la personne ayant le double ne puisse pénétrer chez moi. J’ai débranché l’interphone, et, dans le doute, ait coupé l’alimentation électrique de l’entrée. J’ai clos les persiennes, ne laissant en guise de meurtrières que quelques vides entre les pans des volets. J’ai éteint l’ordinateur et coupé Internet. J’ai désossé mon portable et dissimulé la carte SIM dans un trou de mémoire. En les retournant face contre terre, j’ai endormi les réveils. J’ai déplié le matelas de la chambre d’amis, puis clos la porte avec cette vieille clef. J’ai compté les portes jusqu’à la rue (celle de la chambre, celle du couloir, celle de l’appartement, celle du sas, celle de la résidence) et les aient visualisées verrouillées.

Par les meurtrières, j’ai choisi une étoile dans la nuit naissante, je l’ai imaginée aussi lointaine que mon esprit en était capable. J’ai choisi ce satellite, autour de cette planète, autour de cette étoile, et dans le silence hermétique de l’espace, j’y ai élu résidence. Je me suis dénudé et dissimulé sous les draps, roulé en boule, le corps et le cœur comme un petit chat qui s’endort. Puis j’ai allumé cette cigarette ;

j’ai alors fait de ma vie,

un battement de paupière,

qui dure à l’infini.