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Lollipop
14 avril 2010

Los Angeles, Vogue, 1982 by Helmut Newton

untitled

Il y a la chaleur. Il y a le ciel trop bleu. Il y a l’asphalte trop noir, trop dur. Il y a des odeurs trop enivrantes. Ce sont des odeurs de peau, de terre, de fleurs et d’orages. Il y a des couleurs qui captent l’œil et l’inondent ; la chair de l’image s’y imprime alors et la persistance rétinienne tanse la vue autant que l’âme. Elle enveloppe le cœur dans un sarment de glace et de feu qui rend son palpitement une explosion de jubilation.

Il y le plein. Il y a le vide. Il y a des ouvertures, nombreuses, absolument partout. Les entités débordent les unes dans les autres mais sans jamais franchir des limites contre lesquelles elles s’éclatent comme des vagues statiques.

Il y a la femme, posée là, capiteuse, il y a cette chair toujours. Il n’y  a pas de contact mais la chair est pourtant là, contre notre paume, qui la caresse. Ou plutôt l’empoigne, car c’est de la chair de femme qu’on empoigne, contre laquelle on se vautre ; ce sont des ventres charnels qui se mangent, qui se lèchent, qui se glissent contre d’autres corps haletants. Il y a l’éternité partout. Car là les corps sont disponibles à satiété, pour toujours. « Disparaître ici » propose Bret Easton Ellis à Los Angeles. Disparaître dans ce corps, à Los Angeles, serait en fait l’endroit exact. Se positionner dans cette image pour y disparaître. Quitter le temps pour le moment qui s’éternise, ici. Il y a bien eu un début, une arrivée de cette chair mais ce n’est pas grave, puisque le temps s’est déployé dans ces couleurs implacables, dans cette image : dans ce bleu qui occupe le ciel et les eaux ondoyantes, claires des piscines de Beverly Hills, dans ce blanc qui hurle sur les murs, dans cet ocre qui lèche l'horizon, dans ce noir d’ébène luminescent qui recouvre les chairs, s’immisce dans les ombres, entre le blanc immaculé, flambant sous le sunshine, et le bleu électrique.

Il y a la chaleur humaine qui est là, nue, offerte ; il y a les corps capiteux au summum de leur orgasme. Il y sûrement le sexe, central, nœud de l’image autour duquel se déploie l’intensité. la liberté aussi. Les regards se tournent vers des destinations inconnues mais que nous voyons pourtant.

D’autres peaux. Des villas faites de glace, d’acier et d’ombre. Des rues longues, sans fin, d’asphalte cuisant, des couleurs chatoyantes, improbables mais qui nous semblent familières, puisque c’est là, à ce moment, à cette image, que la vie est. Et cette image nous invite à la rejoindre. Les femmes aussi nous attendent, elles sont là pour nous.

Nous les rejoignons alors et nous disparaissons ici.

Et enfin nous sommes libres.

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